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La Cyborg à lunettes
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22 juin 2016

Pouquoi les opérations de questionnement du sujet ne fonctionnent pas : quelques réponses

 

Perpetual Movement, couverture de "Popular Science", de Norman Rockwell

 

En fait, pour répondre à la question, il faut démonter quelques idées reçues.

1) Le questionnement du sujet est une opération indispensable et naturelle

NON. C'est en réalité une exigence scolaire d'explicitation du savoir qui ressort des didactiques du français et de la philosophie. L'explicitation du besoin d'information est aussi demandée par les documentalistes car ils ont besoin de comprendre le besoin d'autrui. Mais elle n'est pas effectuée dans les recherches d'infomation de la vie quotidienne.

2) Questionner son sujet en amont est possible

OUI, à condition d'avoir des connaissances préalables. Tout cela se mord un peu la queue, en fait, non? En réalité, la compréhension d'un sujet se construit au fil de sa recherche, en interaction avec les informations trouvées, mais aussi en adéquation avec le système d'information (qui contraint la formulation de son besoin d'information, mais propose aussi de nouvelles pistes, comme avec les descripteurs proposés dans les notices d'un catalogue). Elle persiste en toile de fond, et intervient à tout moment : elle permet la sélection de mots-clés, elle interroge la pertinence des documents puis des informations trouvées, puis elle structure l'exploitation des informations. Et pourtant, une compréhension minimale du sujet est nécessaire au préalable, car une incompréhension totale risque de mener les élèves vers un silence documentaire qui les désespérera (et les poussera la plupart du temps à abandonner leur sujet pour un autre), et une mécompréhension vers un hors-sujet.

3) Les outils de questionnement systématique sont efficaces

OUI, mais pas en l'état. Ceux-ci proposent une catégorisation (via les 5W par exemple) et une logique (via les flèches des cartes heuristiques). Mais premièrement, cette structuration nécessite d'être interrogée, dans le cas de la carte heuristique, en faisant prendre conscience aux élèves des raisons qui les ont poussés à mettre les termes ensembles, à les relier par des flèches et symboles divers, et la logique qu'il y a derrière ces flèches (liens de causalité? de conséquence? etc.). Deuxièmement, la structure proposée est soit trop floue, soit, dans le cas d'un questionnement type quintilien, trop générale. Elle ne correspond pas à l'organisation des savoirs spécifique à chaque sujet et à chaque discipline qui les étudie.

4) Comprendre son besoin d'information, c'est questionner son sujet

NON, pas uniquement, voire pas du tout. Le besoin d'information, et la manière d'y répondre, comprend plusieurs composantes:

  • une composante conceptuelle, qui correspond effectivement à un questionnement du sujet
  • une composante procédurale : les moyens d'y parvenir (système d'information et méthode)
  • une composante informationnelle : les raisons de répondre à ce besoin d'information, le niveau de précision demandé, la pertinence d'y répondre

5) Répondre à son besoin d'information est une nécessité

NON, sauf quand c'est une demande. En poussant le raisonnement à son paroxysme, le chercheur d'information peut renoncer à répondre à son besoin car les efforts demandés dépassent les avantages qu'il en retirera, parce que la recherche lui semble trop compliquée...

6) La recherche documentaire est le seul moyen de répondre à un besoin d'information

NON, sauf quand c'est une demande scolaire. D'ailleurs, les élèves assimilent la recherche documentaire à une demande scolaire, ce qui peut créer chez eux une réaction de rejet. C'est ce que relève Anne CORDIER dans ses enquêtes. Dans la vie quotidienne, il est possible d'y répondre de diverses autres manières : expérience, demande à un expert ou à un professionnel du renseignement...Et il est rarement utile de faire une production finalisée (exposé, mémoire, etc.) appuyée sur une problématique et un plan.

4) La recherche d'information est linéaire

NON, et les guides et référentiels de recherche documentaire l'ont en fait bien compris, ce qu'on perçoit en les lisant avec attention! Elle commence toujours par le besoin d'information, certes (mais celui-ci n'a pas besoin d'être très clair au début), puis par les premières recherches, mais il existe de nombreuses rétroactions par la suite . On parle parfois de recherche "en spirale". Ainsi, il y a rétroaction entre définition du sujet, requête, évaluation des résultats (pertinence et dans une moindre mesure fiabilité), prélèvement et exploitation des informations. Jean-François ROUET et André TRICOT ont proposé une modélisation de la démarche de recherche, appliquée au contexte hypertexte, qui met entre autre cet aspect en lumière.

Mais alors, quelles solutions?

 

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  • Journal d'une cyborg envoyée du futur pour remplacer les professeurs-documentalistes par des ressources numériques et des bornes RFID. Bon, en fait, la culture de l'information, ça a l'air plus compliqué que ça...
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